vendredi 9 mai 2014

Richard Ballarian, le physicien de la photographie

Des clichés de passants, de voitures et de structures. Des portraits de femmes, d'hommes et d'enfants. Et enfin, des séries minimalistes de fleurs et de fruits au bord de l'agonie. Des thèmes connus et propres à la photographie, que n'importe quel photographe peut tenter d'aborder. Et pourtant. Seuls quelques photographes réussissent à s'approprier ces sujets et à les transformer en oeuvres d'art. C'est le cas de Richard Ballarian. 


Reconnu pour être un des plus grands photographes de mode américains, Richard Ballarian, alias Dick Ballarian, est également un artiste photographe surprenant et singulier. À l'ombre de ses prestigieux contrats avec les plus grands magazines et marques, le photographe a développé un langage personnel à partir des années soixante-dix. Des photomontages, en passant par les polaroïds et les natures mortes, la série la plus spectaculaire et représentative de son travail d'artiste est, sans hésitation, celle d'Urban Man - Urban Car, dont le rendu se rapproche de la peinture.


Les braqueurs de banque - Richard Ballarian
© Camille Soubeyran

Urban Man est une impressionnante série de photographies, imprégnée de mystère et d'incertitude, où se croisent des ombres déambulantes, des âmes errantes et des voitures crissantes. Dans un décor de ville presque imperceptible, le spectateur ne discerne plus que les corps en mouvement. D'où viennent-ils ? Vers où se déplacent-ils ? L'expression de ces derniers invitent le public à construire leur histoire, leur passé, leur devenir. L'esthétisme de ses photographies intrigue et donne une dimension énigmatique, contraire au caractère infaillible de la photographie.


Urban Man - Richard Ballarian
© Camille Soubeyran

Avec un parcours de photographe technicien, Ballarian a su proposer un concept photographique neuf. Lorsqu'il entreprit sa démarche artistique, le photographe, largement influencé par ses brèves études de physique, ne s'est pas reposé sur ses acquis techniques, mais a passé de longues heures dans sa chambre noire à retravailler ses images grâce à des procédés chimiques. Cette série, presque expérimentale, a fait de lui un physicien de la photographie.


Bien que Richard Ballarian ait réussi à conquérir le monde de la photographie, dans tous les domaines qui soient, il prouve que derrière chaque photographe peut se cacher un auteur, pouvant offrir un travail sensible et original. Chaque oeuvre photographique a sa part de hasard, mais il ne faut pas négliger la patience et la persévérance de l'artiste, qui livre son âme à son art. 

Retrouvez toutes les séries de ce talentueux photographe sur son site.

vendredi 14 février 2014

La photographie au coeur de la mémoire

D’abord considérée comme un « art moyen », la photographie s’est peu à peu imposée comme une discipline culturelle forte. Accessible à tous et pour tous, elle s’est fait une place au sein des foyers en accompagnant nos vies, de nos premières à nos dernières heures. Elle rythme les instants et les étapes les plus importantes et permet à l’homme de transmettre à ses proches son identité, sa mémoire. De plus, en capturant les instants d’une vie, la photographie a aussi le pouvoir de rassembler les personnes, les aide à reconstituer leurs souvenirs et éveille ainsi leur mémoire. 

Contrairement à la musique, cette discipline n’a que très peu été étudiée comme un art pouvant développer et entretenir les capacités cognitives du cerveau. À l’heure actuelle, la question de la vieillesse est un sujet qui obsède. Elle est dépeint comme une menace et irrémédiablement associée à la démence, la perte de l’autonomie et des capacités cognitives. Avec l’expansion de la maladie d’Alzheimer, elle est d’ailleurs de plus en plus liée à la question de la mémoire. C'est pourquoi, plusieurs chercheurs se sont demandés si la photographie ne pouvait pas avoir des vertus bienfaisantes pour les personnes âgées.

Crédit Daily Geek Show (dailygeekshow.com)


Dirigée par l’Université du Texas à Dallas, une étude a récemment prouvé que la photographie améliorerait sensiblement la mémoire des personnes âgées. C’est le Daily Geek Show, le 7 novembre dernier, qui a relayé les résultats de cette étude. 211 personnes, âgées de 60 à 90, ont été séparées en six groupes avec chacun des activités respectives : photographie, couture, jeux, visites culturelles, etc. Trois mois après avoir assidument observé chacun des groupes, les chercheurs ont pu constaté l’amélioration cérébrale et cognitive des participants ayant exercés la photographie.


Même si cette étude, très récente, est discutable et demanderaient d’être observée à plus long terme, elle prouve tout de même qu’une activité, dans son apprentissage et sa pratique, peut avoir des bienfaits sur notre mémoire. Elle montre plus particulièrement que la photographie est une activité notable pour améliorer ses capacités mentales, ainsi que sa mémoire. Quelques soient les âges, si la photographie est réussie et appréciée, le photographe, amateur ou professionnel, éprouve toujours une profonde fierté. Elle oblige quiconque à essayer de faire preuve de spontanéité et de créativité. 


Du coup, je n'ai qu'un seul conseil à vous donner, et cela quelque soit votre âge : À vos appareils photos !


vendredi 7 février 2014

Quand la photographie danse…


La photographie de danse est un terrain connu qui est finalement bien peu exploré. Elle réunit deux arts très différents, tout aussi admirables mais, néanmoins, leur lien est parfois discuté. 

Wilfride Piollet, Le Lac des Cygnes, Opéra de Paris, 1977



Gilles Amalvi, dans son coup de gueule La photographie n’existe pas, entame son propos par des commentaires négatifs : « la photographie de danse, c’est extrêmement ennuyeux. (…) C’est d’ailleurs pour ça qu’elle n’existe pas. (…) Une danse qui ne bouge pas, est-ce encore de la danse ? ». A contrario, certains, comme Eric Boudet, pensent que la photographie peut capturer le mouvement, se l’approprier. Avec la danse, la photographie explore le hors-champ en dépassant les limites du cadre.

Une chose est sûre, ce qui relie irrésistiblement la photographie et la danse, c’est la lumière. Sans cette dernière, la danse ne pourrait être vue et la photographie ne serait pas. Par le jeu de lumière, la photographie prend sens et la danse est mise en valeur. Quand la photographie suit la lumière, cette dernière suit la danse. Et pourtant, ces deux arts vivent une relation rationnelle, sans rapport affectif. C’est pourquoi, aujourd’hui, plusieurs photographes professionnels souhaitent donner un nouveau sens à la photographie de danse.


Le photographe Jesus Chapa-Malacara s’attaque au mouvement, en prouvant la précision de chaque geste d’un danseur. Dans un article sur Slate.fr, il raconte la danse comme un langage, auquel les innovations photographiques ont permis d’offrir de « nouvelles perspectives techniques et artistiques ». Dans ses clichés, on découvre la justesse et la perfection des gestes du danseur. De son côté, le célèbre street artist JR a été invité à travailler auprès des Arts Series du NYC Ballet. En reproduisant l’élément phare de sa marque artistique, l’œil, il a choisi d’associer la force de son projet Inside Out à l’énergie du monde de la danse. Cette association prouve que les deux disciplines peuvent ne former plus qu’une quand l’univers de la photographie rencontre celui de la danse.

Par la puissance du mouvement et l’authenticité du geste, la danse a le pouvoir de transmettre un message, de générer une émotion pure. Mais cet instant ne dure souvent que quelques minutes, voire quelques secondes. On aimerait qu’il continue à l’infini. La photographie a la possibilité de capturer ce moment en un clic. Même si elle fige l’instant, elle permet aussi de reconstituer le souvenir et les émotions vécues au moment de la prise. C’est ainsi que la photographie ramène le passé au présent, et que se crée une relation de complémentarité entre les deux arts. 

vendredi 31 janvier 2014

Avril photographique à Bordeaux !


Le festival « Itinéraires des photographes voyageurs » revient à Bordeaux au mois d’avril 2014. 

Chaque année, l’Association « Itinéraires des photographes voyageurs » nous amène un vent de fraîcheur photographique. Éclectiques et singulières, les expositions proposées se déroulent dans les principaux lieux culturels de la ville. Sur le thème du voyage, les photographes nous transportent à chaque fois dans des endroits insolites, nous font découvrir ou redécouvrir des pays et des cultures comme nous ne les avions jamais vus.

Source © Zaïda Kersten/agence révélateur

Après avoir eu la venue des plus grands, tels que Henri Cartier-Bresson ou Raymond Depardon, le festival présentera au mois d’avril prochain 14 expositions dans 9 lieux. Vous pourrez par exemple découvrir à l’Association MC2A l’intimité de l’Océan Indien avec Malala Andrialavidrazana, ou encore suivre Olivier Brossard ("In deeper road") sur des routes inquiétantes mais poétiques à la Galerie Arrêt sur l’image.

Le festival met en lumière des photographes talentueux, étonnants, classiques ou contemporains, en essayant d’ouvrir les regards sur le monde qui nous entoure. Il ne nous reste plus qu’à attendre le 1er avril prochain, et à prendre notre mal en impatience !

Plus d’informations sur : http://www.itiphoto.com/